Harcelement scolaire

Harcèlement scolaire en France, comment réagir ?

Le harcèlement scolaire consiste en des attaques par un ou plusieurs élèves ciblant un individu. Les brimades, violences physiques et ou psychologiques sont le lot quotidien de trop nombreux mineurs. En CE2, CM1 et CM2, un dixième des élèves sont victimes de harcèlement et 3% d’entre eux sont touchés par des formes graves.

En 6ème, les chiffres sont identiques. Près de 10% des collégiens en sont victimes, dont 7% de formes graves. Le harcèlement semble s’atténuer au lycée, mais ne disparaît pas pour autant. Environ 4% des lycéens sont touchés. Chaque année, 700 000 mineurs sont victimes de harcèlement scolaire en France et le phénomène a provoqué 19 suicides de janvier à octobre 2021.

Quand peut-on parler de harcèlement scolaire ?

Le harcèlement scolaire consiste en des actes de violence répétés et qui durent dans le temps. Il est sous-tendu par un rapport de force et de domination ainsi qu’une volonté claire de nuire à la victime. Les violences peuvent être commises par un ou plusieurs élèves sur une victime désignée qui ne peut souvent pas se défendre.

Cette impuissance peut être due à sa solitude face aux harceleurs ou à sa supposée infériorité physique. Celle-ci peut être due à un manque d’estime de soi chez la victime, comme chez l’enfant qui se sent moins beau ou qui peut par exemple être stigmatisé pour son surpoids. Le handicap physique ou mental et la classe sociale sont des facteurs parmi tant d’autres.

Plusieurs types de harcèlement

Le harcèlement scolaire se manifeste sous diverses formes: il peut être verbal, moral et psychologique. Le harcèlement psychologique comprend les moqueries, les menaces, les humiliations et les surnoms dégradants au quotidien.

Le harcèlement sexuel est tout aussi fréquent. Baisers forcés, attouchements non consentis, messages à connotation sexuelle non désirés et diffusion d’images explicites de la victime à son insu sont ses principales manifestations.

Comment savoir si un enfant est victime de harcèlement ?

Pour détecter les cas de harcèlement scolaire chez les victimes, il faut prêter attention à certains signes. Ils concernent la santé de l’enfant, son comportement et sa scolarité. La victime peut avoir des difficultés à dormir, il peut souffrir d’eczéma, de troubles alimentaires, de maux de ventre ou de tête. Ce sont là des manifestations du stress et de l’anxiété.

Il arrive aussi qu’il souffre de pertes de mémoire et d’un déficit de la concentration. Ces effets sur la santé se répercutent sur la scolarité de l’enfant qui régresse dans les résultats en multipliant les absences et devient moins respectueux de ses enseignants.

Certains comportements de l’enfant sont aussi des signes qui doivent alerter. L’enfant harcelé peut se replier sur lui-même, devenir agressif et irritable, triste et déprimé. Il développe une grande réticence, voire une terreur à aller en classe.

Les conséquences du harcèlement scolaire sur les victimes

Le harcèlement a de très graves conséquences qui se manifestent à court, moyen et long terme. Les premières conséquences sont l’absentéisme qui peut évoluer vers le décrochage scolaire. Le harcèlement crée chez la victime une peur de l’école qui finit par l’en répugner. La scolarisation est aussi compliquée par les troubles de la mémoire, l’anxiété et le manque d’attention induits par le harcèlement. Les résultats scolaires s’en voient dégradés et l’enfant échange moins avec ses camarades et enseignants.

A moyen terme, la victime peut développer des comportements dépressifs. Ceux-ci évoluent parfois en envies suicidaires avec des passages à l’acte. Plusieurs suicides dus au harcèlement sont recensés en France chaque année. Les séquelles s’inscrivent sur le très long terme et peuvent encore se manifester à l’âge adulte.

Les dégâts psychiques du harcèlement provoquent chez la victime une faible estime de soi persistant jusqu’à l’âge adulte, des tendances dépressives chroniques, ainsi que des troubles de la socialisation qui touchent tous les types de relations : familiales, amicales ou amoureuses. Les tendances suicidaires, les diverses addictions à l’alcool ou aux médicaments ainsi que la phobie sociale sont courants chez les adultes anciennement victimes de harcèlement scolaire.

Que faire si un enfant est victime de harcèlement scolaire ?

Si des parents estiment que leur enfant est victime de harcèlement scolaire, ils doivent réagir vite, mais sans précipitation. Ils ne doivent surtout pas essayer de régler le problème par eux-mêmes. Ils doivent prendre rendez-vous avec la direction de l’école et expliquer pourquoi ils suspectent un cas de harcèlement. La consultation d’un psychologue pour enfant est aussi conseillé.

Ils peuvent détailler ce que leur enfant a raconté ou les signes de harcèlement qu’ils ont constaté chez lui. Les parents peuvent alors demander que des décisions soient prises par l’école pour protéger leur enfant. L’établissement scolaire peut décider d’un changement de classe pour les auteurs du harcèlement, ou encore de sanctions ou des réunions avec leurs parents.

Les parents doivent toutefois continuer à s’informer sur la situation à l’école et se rapprocher autant que possible de leur enfant, le pousser à parler, à expliquer son ressenti, ses craintes et les évolutions de sa situation au sein de l’école.

Le harcèlement scolaire est puni par la loi

SI les auteurs du harcèlement ont plus de 13 ans, ils peuvent être punis par des amendes et peines de prison allant de 6 à 18 mois, surtout s’il y a des circonstances aggravantes. Parmi ces circonstances, il y a le handicap physique ou mental de la victime, son jeune âge et l’utilisation d’internet comme vecteur des violences.

Si le harcèlement provoque une incapacité totale de travail de plus de huit jours, le juge peut retenir les circonstances aggravantes et alourdir la peine. Si l’auteur de faits de harcèlement est majeur, les peines de prison sont encore plus longues.

Elles peuvent aller jusqu’à 3 ans. Dans certains cas, le harcèlement pousse la victime à se suicider ou à tenter de se suicider. Il s’agit, dans cette situation, de provocation au suicide qui est punie par des peines pouvant aller jusqu’à 5 ans de prison.

De nouvelles propositions de loi

Le harcèlement scolaire n’est pas clairement désigné dans le code pénal français. Il existe bien des peines punissant le harcèlement, les agressions, les violences psychologiques et la provocation au suicide, mais le harcèlement scolaire n’est pas spécifiquement puni par le code pénal. Pour remédier à cette situation, plusieurs projets de lois ont été proposés.

L’un d’entre eux est soutenu par l’association Hugo qui lutte contre le harcèlement scolaire. Il repose sur 120 propositions de lois qui visent à définir plus précisément le harcèlement scolaire, à intégrer ce délit dans le code pénal et dans le code de l’éducation, à redéfinir le statut des victimes et à améliorer leur accompagnement.

L’engagement de l’association vise aussi à inclure le cyberharcèlement dans la définition du harcèlement scolaire.

Des associations à l’écoute des victimes

De nombreuses associations apportent aide et conseil aux victimes de harcèlement scolaire. Celles-ci peuvent être contactées aussi bien par les enfants victimes que leurs parents ou enseignants. L’association Non Au Harcèlement peut être jointe par téléphone au numéro vert 3020 du lundi au vendredi de 9h à 20h, ainsi que le samedi de 9h à 18h, en dehors des jours fériés.

L’association Hugo, créée par Hugo Martinez, ancienne victime de harcèlement scolaire, vient en aide aux victimes et leurs parents en leur prodiguant soutien et écoute. Il existe de nombreuses associations d’aide aux victimes de harcèlement scolaire qui agissent aussi bien sur le plan national que local avec lesquelles les établissements scolaires peuvent être mis en relation.