psychose

Le dialogue ouvert : une thérapie alternative pour guérir de la psychose

Trois personnes sur 100 expérimentent un jour la psychose. Mais entre la fausse croyance d’une double personnalité et les préjugés véhiculés par le 7ème art, la psychose est trop souvent synonyme de honte et de peur. De quoi s’agit-il exactement ?

Plongeons au cœur de cet univers aux frontières du réel.

L’approche de la psychiatrie classique

En cas de psychose ou d’épisode psychotique, la personne concernée perd contact avec notre réalité. La sienne est différente, comme altérée. Elle n’arrive plus à distinguer le vrai du faux. Cet épisode est classiquement considéré comme un signe révélateur d’une maladie mentale sous-jacente. Dans cette approche, la solution est médicamenteuse et au-delà de 6 mois la personne est condamnée à une psychose irréversible.

L’approche émotionnelle du dialogue ouvert

Pour les thérapeutes finlandais du dialogue ouvert, la cause sous-jacente de ces symptômes et de ces maladies réside dans la vie émotionnelle de la personne affectée. Des non-dits liés à des événements traumatiques sont la racine de la psychose. Ils parlent de dilemmes émotionnels, d’événements dont les personnes sont toujours prisonnières au présent.

Leur souffrance émotionnelle vient colorer leur réalité, comme s’y mélanger de manière métaphorique. Les thérapeutes finlandais croient en la guérison totale et sans médicament de la psychose.

Ils pensent que cette dernière est une expression métaphorique d’une souffrance émotionnelle sous-jacente. Dialoguer, donner la parole à chacun, verbaliser, ressentir, libérer, mettre des mots sur les maux pour donner enfin la parole à cette souffrance étouffée, distanciée et lui permettre de ne plus emprunter la voix/voie sensorielle.

La psychose et les maladies mentales sous-jacentes

Pour la psychiatrie classique, la psychose peut être un signe révélateur de différentes maladies mentales. Les voici :

  • La schizophrénie ou déchirure de l’esprit, si la psychose perdure au-delà de 6 mois. Les pensées sont confuses et la personne est victime d’hallucinations sensorielles.
  • Le trouble schizophréniforme : l’épisode psychotique dure moins de 6 mois.
  • Le trouble bipolaire : l’humeur est dysfonctionnelle. Il y a présence d’une phase maniaque.
  • Le trouble schizo-affectif : l’humeur et les pensées sont altérées.
  • Le trouble délirant : la personne a des croyances erronées et y tient fermement.
  • La dépression psychotique : la personne souffre d’une dépression grave à laquelle s’ajoute une psychose sans phase maniaque.

La psychose : ses manifestations

Même si la psychose s’exprime d’une manière différente d’une personne à l’autre, on retrouve des caractéristiques communes comme une altération des émotions, de l’humeur, des pensées et du comportement. L’évolution est souvent graduelle et variable. On différencie deux types de symptômes, les positifs et les négatifs.

Les symptômes positifs sont :

  • Des idées délirantes.
  • Des hallucinations sensorielles.
  • Une désorganisation de la pensée.

Les symptômes négatifs sont :

  • Présence d’une froideur émotionnelle.
  • Perte de l’expressivité corporelle.
  • Diminution du débit verbal.
  • Perte de la fluidité verbale.
  • Difficulté d’élaboration de la pensée.
  • Repli sur soi.
  • Diminution des activités sociales.
  • Perte de l’envie d’entreprendre.
  • Perte de mémoire.
  • Difficulté pour se concentrer.
  • Troubles du sommeil.
  • Troubles d’humeur.
  • Idées noires.

La psychose : une approche culturelle

La vision médicale

Dans la vision médicale classique, la cause de la psychose est un dysfonctionnement cérébral et la psychose au-delà de 6 mois devient irréversible. Certains facteurs peuvent accélérer le processus d’entrée en psychose comme : la prise de drogue, l’hérédité, l’environnement et le stress lié ou la présence d’une maladie organique.

La personne est ici considérée comme malade et la réponse est double : médicamenteuse et thérapeutique.

La vision des entendeurs de voix

8 à 14 % des Français seraient touchés par ce phénomène. Les entendeurs de voix tentent de déstigmatiser à travers le monde la vision de la psychose. Ainsi, entendre des voix n’est plus considéré comme pathologique, mais comme une capacité. Les entendeurs de voix se rencontrent et échangent autour de leur expérience. Ils se conseillent également sur la gestion des voix.

La vision spirituelle

Pour un croyant, les expériences surnaturelles sont considérées comme normales. Ici, dialoguer avec le divin peut être considéré comme un don, une grâce et non une maladie. Certaines conditions sont cependant posées. Le mystique doit demeurer humble (absence du noyau de grandeur) et ne pas être dépossédé de certaines capacités cognitives.

Il est parfaitement intégré dans la société. Dans le cas contraire, la personne est considérée comme possédée et doit être délivrée d’un esprit de folie. Cette dimension culturelle est prise en compte par l’approche en ethnopsychiatrie lors de l’accompagnement thérapeutique.

La vision finlandaise

Dans l’approche finlandaise, la cause racine est le facteur émotionnel. Il s’agit d’un dilemme de vie non surmonté, distancié et non verbalisé parfois même, non conscientisé. Ici, la solution est une thérapie familiale où le patient devient un co-constructeur des mesures mises en place.

La solution médicamenteuse n’est pas centrale, car la cause sous-jacente au dysfonctionnement cérébral est une souffrance émotionnelle. Une fois identifiée, accueillie, libérée et dépassée, les symptômes n’ont plus lieu d’être et la personne retrouve un contact équilibré à sa nouvelle réalité libérée du poids du passé. Cette dernière n’est plus colorée de sa souffrance de manière métaphorique. Un psychologue a donc toute sa place dans ce processus de guérison.

Il peut apporter un soutien thérapeutique et son écoute professionnelle.

La guérison de la psychose

Une croyance limitative toxique

Ici, le développement personnel peut nous apporter un éclairage. On parle dans cette discipline de croyances limitatives nous empêchant d’évoluer. C’est ainsi qu’est véhiculée une croyance limitative très toxique en matière de psychose soit celle de ne pas croire en une possible guérison.

Beaucoup de personnes pensent être condamnées, malades à vie, tout simplement, car on leur a dit, on leur a transmis cette croyance. Mais pour le Docteur Birgitta Alakare thérapeute du dialogue ouvert, la psychose n’est pas une fatalité. Si la souffrance est écoutée par des thérapeutes et les dilemmes de la vie émotionnelle dépassés, alors les symptômes disparaissent.

Ces derniers tels une encre sont privés d’encrier et ne peuvent plus peindre et déformer la réalité. Les thérapeutes finlandais ont donc intégré dans leur approche la croyance dynamisante suivante : la psychose est un phénomène transitoire et non-définitif dont on peut guérir, et ce, sans médicament. La libération est émotionnelle, verbale et passe par l’écoute.

Des témoignages de guérison

Des personnes témoignent de leur expérience psychotique et de leur guérison. C’est le cas d’Arnhild Lauveng qui témoigne dans son livre « Demain, j’étais folle » aux éditions autrement d’un possible retour. Eleanor Longden témoigne également des voix/voies de sa souffrance et des maltraitances subies lors de son enfance à l’origine de cette dernière.

Rappelons que derrière chaque psychose, il y a une histoire, une souffrance qui ne demande qu’à être écoutée. C’est ainsi que feue Alice Miller, célèbre psychanalyste, le disait, nous avons tous besoin d’un témoin de notre souffrance, d’une main tendue, d’un thérapeute à qui se confier.