Bien comprendre la sexualité d’un enfant

Cet article consacré au complexe d’Œdipe vous permettra de comprendre pourquoi un enfant s’intéresse autant à la sexualité, pourquoi il peut agir de manière parfois ambigüe avec ses parents et pourquoi nous ne nous souvenons pas de notre petite enfance. Mais ce n’est pas tout ! Vous apprendrez comment réagir face à la masturbation et/ou à l’exhibitionnisme d’un enfant. Après ce que les praticiens appellent le stade oral et le stade anal, la libido de l’enfant se déplace pour se concentrer essentiellement sur ses zones génitales, c’est ce que les professionnels appellent l’organisation phallique de la pulsion.

En effet, dès que la propreté est acquise, l’enfant s’aperçoit, non seulement que ses organes génitaux ont toujours été traité d’une manière bien particulière par ses parents mais également qu’il peut prendre du plaisir avec ces derniers, notamment, par l’intermédiaire de la masturbation. A ce moment, là, il ne s’agit pas de prohiber la masturbation ce qui reviendrait à prohiber la sexualité, mais de signifier à l’enfant que cet acte doit rester privé et ne doit pas être exhibé. Pour le petit garçon cette découverte constitue le début de ce que les psychanalystes appellent le complexe d’Œdipe.

Le complexe d’Œdipe

Parallèlement au déplacement de la libido de l’enfant jusqu’à ses organes génitaux, on assiste à un renforcement de son attachement pour sa mère qui va peu à peu se transformer en désir. A ce moment là, la mère, qui comprend rapidement que l’excitation de son fils est tendu vers elle, doit signifier très clairement à son enfant qu’il ne se mariera jamais avec elle.

Quelle que soit la réaction de sa mère, l’enfant interprétera cette interdiction comme une menace. Menace que les psychologues cliniciens appellent la menace de castration mais qui ne prend son sens que plus tard pour l’enfant. C’est à peu près au même moment qu’apparaissent ce que les professionnels appellent les théories sexuelles infantiles, chez le petit garçon comme chez la petite fille, qui sont des fausses théories que l’état de la sexualité de l’enfant lui impose et dans lesquelles s’enracinent leurs fantasmes. La première théorie infantile consiste, pour l’enfant, à croire que tous les humains ont un pénis.

Déni de castration et fantasme de la scène primitive

Il y a déni total de l’existence d’organes génitaux propres à la femme, ce que les psychanalystes nomment le déni de castration. L’enfant pense également que la naissance des enfants ne peut se faire que par la bouche ou par l’anus, que les bébés sont en réalité ce que les professionnels appellent des bébés crottes et que les relations sexuelles sont nécessairement violentes, ce que les spécialistes appellent le fantasme de la scène primitive ou encore la théorie sadique du coït.

En même temps, l’enfant découvre qu’il faut être deux pour faire un enfant, il va donc penser que pour l’avoir, ses parents n’ont fait qu’une seule fois l’amour. Face à ces théories sexuelles infantiles, seuls leurs fantasmes comptent, quoi qu’on leur explique, ils écoutent mais ne prennent pas en compte ce qu’on leur explique persuadés qu’on leur ment.

Ces théories sexuelles infantiles témoignent d’une activité théorique précoce chez l’enfant qui s’appuie sur le désir de voir et à partir duquel s’élabore une certaine forme de savoir qui constitue le moule structurel qui permet à l’enfant d’entrer dans le savoir. Elles reposent toutes sur ce que les professionnels appellent le déni du vagin.

Concernant les garçons

Pour revenir au complexe d’Œdipe du petit garçon, c’est grâce à l’observation des enfants qui l’entourent qu’il constate, avec effroi, qu’il a quelque chose de plus que les petites filles, ce qui le conduit à penser que leur mère, considérée comme ce que les praticiens appellent l’agent castrateur ou encore la mère phallique puisque les enfants sont persuadés que leur mère possède un pénis. C’est donc au moment où le petit garçon découvre, par hasard, que les petites filles n’ont pas de pénis, que la menace de castration de sa mère au sujet de son désir pour elle prend tout son sens.

En effet, convaincu que sa mère est capable de lui couper son phallus s’il continue de la désirer, ce que les professionnels appellent l’angoisse de castration, il renonce à sa mère, ce qui met fin au complexe d’Œdipe, d’autant plus que le petit garçon se rend rapidement compte que son père ne se conduit pas avec sa mère comme lui aimerait se conduire avec la sienne.

Au sujet des filles

Le complexe d’Œdipe de la petite fille, en revanche, ne se termine pas par l’angoisse de castration mais débute par celle-ci. En effet, s’apercevant que les petits garçons ont quelque chose de plus qu’elle, elle va imagine que son clitoris va pousser. Puis, s’apercevant que ce dernier ne pousse pas et qu’il ne poussera probablement jamais, la petite fille rend rapidement sa mère responsable de son absence de phallus. C’est donc pour se consoler de ne pas avoir de phallus et pour se venger de sa mère que la petite fille tente de séduire son père en souhaitant inconsciemment avoir des enfants de lui. En effet, la petite fille peut trouver une certaine satisfaction à ne pas avoir de pénis seulement si elle transfert ce désir de pénis sur une envie de l’être porteur du pénis, autrement dit le père.

Pour séduire son père, la petite fille n’hésite pas à s’exhiber nue devant son père. Face à la nudité de sa fille, le père ne doit pas se sentir gêné sinon elle deviendra honteuse de son corps, il doit simplement la couvrir en lui signifiant qu’il la trouve belle mais que s’exhiber nue est interdit et que quoi qu’elle fasse, papa est amoureux de maman mais que plus tard, elle trouvera un homme de son âge qu’elle pourra séduire. De cette manière, il met en place ce que les psychologues appellent la barrière incestueuse indispensable au développement des enfants.

En conclusion

Vous l’aurez compris, face au complexe d’Œdipe, les parents doivent projeter leur enfant dans l’avenir afin que le petit garçon renonce définitivement à avoir des enfants et que la petite fille renonce au phallus. Quoi qu’il en soit, le complexe d’Œdipe révèle des désirs hétérosexuels mais également des désirs homosexuels voilà pourquoi les psychanalystes et psychologues cliniciens considèrent que nous sommes tous plus ou moins bisexuels au sens d’une bisexualité psychique. Mais le but final du complexe d’Œdipe est de lier la loi et plus particulièrement l’interdit de l’inceste et l’interdit du parricide, qui constituent la base du surmoi, au désir sexuel afin de permettre à l’enfant de prendre sa place généalogique et sexuelle au sein de sa famille.

Par la suite, le complexe d’Œdipe est refoulé mais pas pour autant détruit. Ce refoulement est tellement puissant qu’il entraine avec lui tous les souvenirs qui ont précédé cette période, ce que les professionnels appellent l’amnésie infantile. Sortie du complexe d’Œdipe, l’enfant entre dans une période que les psychologues cliniciens appellent période de latence pulsionnelle au cours de laquelle il va pouvoir se concentrer sur ses apprentissages.